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Au secours de la chouette chevêche

Publié le 17 septembre 2020 , mis à jour le 17 novembre 2020

Une espèce vulnérable

La Chouette chevêche (Athene noctua) a longtemps été présente dans le département de l’Aveyron. Cependant, au fil des années, sa population a régressé considérablement, voire disparue dans certaines zones. Classée en Liste orange Française et Vulnérable en Midi-Pyrénées, elle a bénéficié d’un Plan National d’Action de 2000 à 2010 et reste aujourd’hui une espèce protégée par la loi.

Depuis 2014, de plus en plus de Chouettes chevêches, principalement des juvéniles, sont accueillies au Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage Caussenard (CSFSC). Les chouettes sont élevées et soignées par les bénévoles et stagiaires qui leur apprennent à s’alimenter seules. Par la suite, elles sont relâchées. Mais un problème s’est posé concernant le relâcher de ces individus : ne pouvant pas toutes être mises en nature depuis le Centre de sauvegarde, il était impératif de les relâcher dans des milieux favorables à leur biologie afin de maximiser leur chance de survie.

chouette

A la recherche du milieu idéal pour les Chouettes

Lorsqu’on entreprend de relâcher un animal, il faut déterminer si le milieu choisi est bénéfique. Il est donc impératif de connaître la biologie de l’espèce, de savoir si d’autres individus sont déjà présents sur le milieu et de connaître la densité de proies disponibles sur ce territoire.
 Ainsi, tout au long de l’année, des stagiaires et des bénévoles ont prospecté 33 lieux à priori convenables pour la Chouette chevêche. Au final, ce sont 11 lieux qui ont été considérés comme idéaux pour cet animal.

La prospection s'est faite en deux étapes :

- en journée, par la détermination des habitats, des relevés de faune (principalement les insectes) et flore, pour déterminer si la quantité de proies disponibles est correcte,

- en soirée, où le but est d’envoyer le cri de l’animal à l’aide d’un appareil adapté afin d’obtenir une éventuelle réponse d’individus déjà présents. Cette méthode se nomme "la repasse", et permet de savoir si la zone est déjà habitée ou non et ainsi éviter d’envahir le territoire d’une autre Chouette. 

Une Chouette chevêche ©Centre Régional de Sauvegarde de la Faune Sauvage Caussenard
Une Chouette chevêche ©Centre Régional de Sauvegarde de la Faune Sauvage Caussenard

Leur remise en liberté et leur suivi

Sur les 11 milieux prospectés et considérés comme favorables à la réintroduction des Chouettes chevêche, 4 ont été retenus : Le Centre de Sauvegarde, La Martinerie, le Boundoulaou et la Ferme des Fonts (lieux autour de Millau). La remise en liberté des animaux est réalisée par système de taquet pour leur apprendre à chasser et à s’émanciper à leur rythme. Dans un premier temps, les nichoirs sont fermés à l’aide d’un grillage pour que la chouette s’habitue à son nouvel environnement. La nourriture leur est distribuée à travers ce grillage. Puis ce dernier est retiré et les nourrissages par les volontaires se réduisent. Quatre nichoirs-taquets ont donc été construits, ce qui représente presque 100 heures de travail pour les bénévoles.

En 2018, le CRSFSC a donc accueilli 29 juvéniles, dont 26 ont été réintroduits. Les relâchers ont été effectués de la mi-juillet à la mi-août, dès lors que les Chouettes ont su s’alimenter seules. Des bénévoles ont été les nourrir chaque jour, même après ouverture du taquet, jusqu’à ce que l’on puisse constater une émancipation « définitive ».

Dans les semaines qui suivirent l’ouverture du taquet, des soirées d’observation ont été organisées pour surveiller les chouettes. Et dans les mois suivants, des soirées de repasses ont également été organisées pour savoir si les Chouettes étaient restées sur le territoire ou non.

Un juvénile apte à être réintroduit via le nichoir à taquet ; Un nichoir à taquet © Centre Régional de Sauvegarde de la Faune Sauvage Caussenard
Un juvénile apte à être réintroduit via le nichoir à taquet ; Un nichoir à taquet © Centre Régional de Sauvegarde de la Faune Sauvage Caussenard 

Témoignages

« Pendant mon temps de bénévolat au Centre de Sauvegarde de Millau, j'ai participé à des activités de préservation des Chouettes chevêches. En commençant par prendre soin des jeunes chouettes en difficulté et les relâchers dans la nature lorsqu’elles sont prêtes. Pendant mon temps au Centre, j'ai fait des sorties pour observer les chouettes à Saint Germain et vérifiez le terrain pour trouver un site favorable ou relâcher les adultes. A mon avis, le projet du centre est important car il permet de préserver la population des chouettes. Leur relâché dans des lieux adaptés à leur alimentation et à des sites de nidification leur donne une meilleure chance d’établir une population stable. » 
Noa WEITHERMER, 
15 ans
. Bénévole au CRSFSC tous les étés.

« En 2018, j’ai été bénévole à temps plein au Centre de Sauvegarde de Millau pendant 4 mois, puis de temps en temps avant de faire des rapatriements d’animaux, depuis les particuliers jusqu’au Centre. J’ai eu le plaisir d’apprendre à connaître les Chouettes chevêches, de les soigner, les nourrir et de les relâcher dans des endroits appropriés, souvent chez des propriétaires de terrain. Nous avons fabriqué et installé les nichoirs-taquets et sommes allés tous les jours les nourrir le temps qu’elles puissent s’adapter et trouver de la nourriture par leur propres moyens. Parfois, les propriétaires ont continué de les observer. Certaines des Chouettes chevêches sont restés aux mêmes endroits, d’autres sont partis ailleurs.
J’ai beaucoup aimé travailler au Centre, surtout sur la manipulation et le soin des animaux avec beaucoup de douceur et amour. Je souhaite de tout cœur au Centre de Sauvegarde de trouver des moyens de financements pour pouvoir continuer leur activité pour préserver la nature »
Katia AUDINO
, 34 ans.
 Bénévole au CRSFSC.

« Bénévole depuis quelques années pour le Centre de Sauvegarde de Millau et habitant à Rodez, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de récupérer des Chouettes chevêches en danger (avec d’autres animaux), soit auprès des particuliers concernés par la protection de la vie sauvage en attendant qu’elles soient rapatriées vers le Centre pour y recevoir les soin appropriés ou être élevées et puissent, dès qu’elles sont en état, retrouver la vie sauvage qui est la leur. C’est une expérience enrichissante que de nourrir un animal sauvage issu de son environnement. J’ai eu l’occasion de participer à un relâché et le moment où l’animal s’envole en retrouvant sa liberté est d’une rare intensité émotionnelle, même si cela ne dure que quelques secondes. A ce moment, quand l’oiseau s’élance dans les airs, on se dit que ce qu’on fait, les bénévoles et acteurs du Centre, n’est pas du temps perdu ».
Thierry L’HÔTE
, 57 ans.
 Bénévole transporteur au CRSFSC.

Prime J'agis

Cette action a été primée « J’agis pour la nature » bravo à eux

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