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20% de pesticides en plus en 1 an : bonne année 2020… et surtout la santé !

Publié le 07 janvier 2020 , mis à jour le 11 décembre 2020

Alors que le plan Ecophyto pose l’objectif de -25% d’usage des pesticides en 2020, c’est un bond de 20% qui est enregistré entre 2017 et 2018 ! Les hausses de 20% de la vente des pesticides entre 2017 et 2018 et de 22% entre 2008 et 2018 annoncées ce mardi par le gouvernement démontrent l’échec cuisant de 10 ans de politiques publiques successives visant à baisser leur usage en France. Sur la base de l'indicateur NODU (nombre de doses unités), l’utilisation des pesticides a quant à elle augmenté de 24% en 2018 par rapport à 2017, et de 25% (en moyenne triennale) depuis le lancement du plan Ecophyto en 2008.

Carte de voeux pesticides 2020

Alors que ces chiffres devraient appeler à une profonde remise en question et à un sursaut historique, le gouvernement reste atone. La Fondation Nicolas Hulot, qui n’a cessé d’alerter sur ces dernières années d’inaction, appelle le gouvernement et les parlementaires à se ressaisir pour donner un cap clair aux agriculteur·rice·s et protéger l’environnement et les citoyen·ne·s : 

  • Une loi pour interdire le glyphosate dès 2021 comme le président de la République s’y était engagé en 2017.
  • Une réorientation massive des 9 milliards d’euros de la PAC vers l’agroécologie et l’agriculture biologique.
  • L’instauration de clauses miroirs pour que les produits importés soient soumis aux mêmes règles que les denrées agricoles produites dans l’UE, afin de protéger les fermes françaises de la concurrence internationale.

Une politique agricole à contre-courant des objectifs affirmés depuis plus de 10 ans

Lancé en 2008 puis revu à de nombreuses reprises, le plan Ecophyto trace un cap clair : réduire de 25% en 2020 puis de 50% en 2025 l’usage des pesticides en France. Mais la France a choisi de tourner le dos à une agriculture qui s’affranchirait peu à peu des intrants chimiques et à la demande citoyenne croissante d’un environnement sain et respirable. La définition a minima des zones de non-traitement des pesticides en est le dernier exemple récent.

Pour la FNH, ces résultats sont le fruit de politiques publiques défaillantes à ce sujet depuis au moins 12 ans. Moyens insuffisants ou mal alloués, manque de clarté, stratégies incohérentes, il est urgent d’inverser la vapeur.

L’année 2020 offre toutes les perspectives pour changer de braquet

2020 sera l’année de la biodiversité avec le Congrès mondial de la nature, mais elle sera aussi une année charnière pour la réforme de la PAC, ainsi que l’année annoncée de sortie du glyphosate en France. De beaux défis qui nécessitent majoritairement deux ingrédients : cohérence et ambition.

Seul un sursaut et une mise en cohérence de tous les outils de politiques publiques sauront à la fois redonner de la crédibilité aux actions publiques, offrir un message clair à cette grande majorité d’agriculteur·rice·s qui souhaitent sortir de la dépendance de la chimie et donner une lueur d’espoir pour les citoyen·ne·s qui aspirent à un environnement viable.

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