Ecogestes

Acheter moins de vêtements, les réparer, les recycler… et en même temps obliger les multinationales à respecter l’environnement et les droits humains

Publié le 14 octobre 2019 , mis à jour le 25 novembre 2020

Les 100 milliards de vêtements fabriqués chaque année représentent 2% des émissions de gaz à effet de serre au niveau planétaire. Mais son impact va encore au-delà : la mode utilise 4% de l’eau totale disponible sur le globe, et le coton est la culture qui utilise le plus de pesticides au monde. Il est donc urgent de revoir nos modes de consommation en évitant l’achat de produits neufs, mais aussi en poussant le gouvernement à protéger la planète des dérives des multinationales du secteur du textile (mais aussi des autres multinationales).

Acheter moins, réparer, recycler pour réduire l’impact d’une des industries les plus polluantes au monde

En moyenne, en France, chaque année, ce sont 10 kilos de vêtements par personne qui sont jetés, tandis que 9,2 kilos de textile, chaussures comprises sont achetés. Et pourtant, seulement 3,2 kilos sont collectés et triés pour être soit réutilisés, soit recyclés. Au total, on estime que pour 110 tonnes de vêtements neufs achetés, 22 000 tonnes seulement aboutissent dans les filières adéquates de revalorisation. Il s’agit là d’un gâchis de ressources mais aussi une source majeure d’émissions de gaz à effet de serre, quand on sait qu’un jean peut parcourir jusqu’à 65 000 kilomètres pour sa fabrication et sa vente. Le secteur textile pose également problème pour la condition animale, pour ce qui est de la « production » de la fourrure, du cuir, ou même des vers à soie.

Pour agir à son échelle sur l’impact de la mode, une solution simple : réduire drastiquement sa consommation de vêtements neufs (et donc de ressources). Et il est possible de le faire sans pour autant changer complètement son mode de vie. Les alternatives sont multiples : l’achat d’occasion, la location, l’emprunt, le don. Mais avant tout cela, il existe aussi une alternative qui consiste à conserver ses vêtements sans se soucier qu’ils soient « passés de mode »  et à les réparer, plutôt que de s’en débarrasser pour les remplacer. Cette attitude est aussi une bonne manière de prendre conscience de la valeur de ces objets et de mieux gérer ses achats en la matière.

Si vous ne savez pas coudre, il est possible de participer à des ateliers gratuits ou à prix mini dans des associations locales. Sinon, plusieurs lieux peuvent vous aider :

• Les Repair Cafés sont des lieux associatifs qui permettent de réparer gratuitement ou à prix libre des vêtements (mais aussi des objets) grâce à l’aide de bénévoles. Il en existe plus de 1 400 dans le monde. 

• Certaines ressourceries ou autres lieux de seconde main propose un accompagnement voire des cours de couture. La dernière option, et la plus onéreuse, reste de passer par un retoucheur pour les pièces les plus difficiles à réparer soi-même.

Comme tout ce qui a trait à la mise en place d’une philosophie zéro déchet à l’échelle d’un territoire, avoir recours au secteur de la réparation (que ce soit pour les vêtements ou d’autres objets) permet de créer de l’emploi. A lui seul, le secteur compte 150 000 emplois, et on évalue son potentiel de développement à 200 000 si des politiques publiques les accompagnent.

Le paradoxe : ces prix cassés qui nous attirent

Les soldes qui se succèdent instiguent un doute légitime auprès du consommateur ou de la consommatrice, quand les prix varient du simple au triple d’une semaine à l’autre. Si les clients se réjouissent de ces prix cassés, qui finalement en fait les frais ? Ce sont les celles et ceux qui, à l’autre bout de la planète, travaillent dans des conditions dégradées et parfois dangereuses, comme nous l’a dramatiquement rappelé l’effondrement du Rana Plaza, entraînant la mort de 1134 ouvriers et ouvrières au Bangladesh. Par ailleurs, les multinationales choisissent souvent de s’installer dans des « paradis carbones », ces pays où les règles environnementales sont les plus basses afin de baisser les coûts de productions. Ces multinationales sont bien souvent responsables de pollutions, du sol, des rivières ou de l’air et cela sans aucune possibilité de les sanctionner.

textile

La solution? Protéger les salariés, pour protéger la planète, en faisant appliquer le devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d'ordre à toutes les échelles

C’est pourquoi l’enjeu est aujourd’hui, de mettre en application le principe directeurs des nations unies relatifs aux entreprises et aux Droits de l’Homme qui prévoit depuis 2011 une obligation pour les entreprises de prévenir et de réparer les atteintes aux droits humains et à l’environnement engendrés par leurs activités. Ils soulignent aussi la nécessité pour les États de garantir l’accès à la justice des populations affectées. La France a été précurseur sur le sujet. En effet, l’enjeu est aujourd’hui de faire réellement respecter la loi relative au devoir de vigilance des sociétés mères et entreprises donneuses d'ordre, adoptée en mars 2017. Elle instaure pour les firmes multinationales françaises une obligation d'identifier et de prévenir les atteintes aux droits humains et à l'environnement résultant non seulement de leurs propres activités mais aussi de celles de leurs filiales et de leurs sous-traitants et fournisseurs. Il s’agit d’une réelle avancée juridique ; cela permet, en cas de dommage, d’entamer des démarches auprès du juge français pour demander que la responsabilité de la société mère ou donneuse d'ordre puisse être engagée, si cette dernière n'a pas mis en œuvre son devoir de vigilance. Cela concerne non seulement les victimes mais aussi les associations justifiant d’un intérêt à agir. 

Pour renforcer cette obligation, la France doit porter au niveau européen l’adoption d’une directive similaire à la loi française. Au niveau international la signature d’un traité international contraignant sur les multinationales et les droits humains dont les négociations ont été lancées aux Nations Unies en 2014. Une première version de traité a d’ailleurs été publiée en 2018 par la présidence équatorienne. Pour l'instant les pays riches, dont l’UE, ont plutôt brillé par leur absence ou leur opposition c’est pourquoi le Président de la République doit prendre le leadership pour qu’enfin les multinationales, du secteur de la mode mais aussi les autres, ne restent plus impunies quand ces multinationales portent atteintes aux droits humains et à l’environnement.

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