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Crise agricole : l’agriculture dans l’impasse ?

Publié le 26 février 2016 , mis à jour le 23 avril 2021

Si la crise est particulièrement grave, le problème n’est pas nouveau. La crise d’aujourd’hui n’est qu’un sursaut des crises d’hier. Les manifestations d’aujourd’hui, les petites sœurs de celles des années passées. Mesures et plans se sont succédés pour répondre à ces difficultés économiques : des centaines de millions d’euros ont été versés par l’Etat pour proposer des avances de trésorerie ou une baisse des charges… et répondre à l’urgence sans éteindre l’incendie. Car incendie il y a : crise des revenus, drames sociaux et dommages environnementaux se cumulent. Où va notre agriculture ? Peut-elle s’en sortir ?

Un constat amer : notre agriculture va dans le mur…

En 60 ans, le visage de notre agriculture a été profondément modifié notamment par la diminution par deux du nombre d’exploitations, leur agrandissement et la chute de l’emploi agricole. Ces modifications ne sont pas pour tous allées de pair avec une meilleure santé économique. Le niveau d’endettement des fermes a été multiplié par 2 en 30 ans sans que les bénéfices grimpent en flèche pour tout le monde.

 

Aujourd’hui les revenus en pâtissent : éleveurs de porcs, de bœufs, de volaille… les difficultés sont telles que chaque jour des agriculteurs mettent la clé sous la porte.

De paire avec cette évolution, l’agriculture a eu recours à des intrants toujours plus nombreux pesant sur les postes des dépenses comme sur l’environnement : qualité de l’eau, des sols, biodiversité, changement climatique. L’impact de notre modèle agricole sur l’environnement n’est plus à démontrer.

Il serait tentant de répondre à cette crise par la fin des normes et l’assouplissement de la réglementation environnementale. Agir de telle sorte serait une erreur, un retour dans le passé plutôt qu’un pari sur l’avenir. Une agriculture plus durable et plus saine est la condition d’une sortie de crise pérenne.

… mais pas pour tout le monde.

Les politiques agricoles se sont succédées, pour mettre des pansements sur un système trop malade. On a cru pouvoir mettre en place une agriculture à moindre coût, visant à être compétitive avec les agricultures brésiliennes, américaines ou australiennes. Il n’en est rien. Rechercher à tout prix à produire des aliments tout venant ne sert qu’à conforter un modèle à bout de souffle… alors que la France a toutes les ressources et les terroirs pour proposer une agriculture et une alimentation à haute valeur ajoutée ! Agriculture bio, agroécologie, signes de qualité… toutes ces mentions mettent en avant des modes de production qui affirment leurs différences. L’agriculture d’exportation coûte cher aux agriculteurs et à la société par les pollutions qu’elle engendre.

On le voit de plus en plus, la sortie de crise passe par un mieux disant social et environnemental. L’agriculture bio ne s’est jamais aussi bien porté. Le lait bio se vend environ deux fois plus cher que le lait conventionnel et les éleveurs en tirent un revenu décent. Les surfaces bio atteignent près de 5% de la surface agricole utile (SAU). Nous avons là une agriculture en bonne santé !

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