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Envie de plus de nature en ville ? 22 préconisations pour faire de la ville un endroit où il fait bon vivre !

Publié le 11 juillet 2018 , mis à jour le 19 novembre 2020
Avec les beaux jours et la chaleur, nombreux sont les citadins qui cherchent à fuir le béton pour gagner un îlot de nature en ville. Produisant déjà deux tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES), les villes concentrent souvent une forte pollution atmosphérique et ne cessent de gagner sur la périphérie dans un processus d'érosion de la biodiversité qui fait froid dans le dos ! 66 000 ha de milieux naturels et terrains agricoles sont artificialisés chaque année. 180 000 espèces, soit une sur trois seraient en danger en France d'après l'Observatoire national de la biodiversité. Dans ce contexte, vous êtes de plus en plus nombreux à dire votre " envie de nature ". Une enquête d'opinion de décembre 2017 rapporte que 53 % des personnes interrogées mettent " une ville qui remet la nature au cœur de la ville " en tête des critères pour définir la ville de demain. Annabelle Jaeger, vice-présidente de la FNH et de la section environnement du Conseil économique social et environnemental a présenté mercredi 11 juillet un projet d'avis proposant 22 préconisations pour renforcer la nature en ville. Elle nous explique pourquoi et comment accélérer la " renaturation " des villes.

A travers votre avis, vous montrez que la nature en ville est source de multiples bienfaits, quels sont-ils ?

Sans doute est-il évident pour chacun que la nature nous apporte bien-être, apaisement, récréation, respiration. Au-delà de ce fort ressenti, il est important de rappeler que la " nature en ville ", par les services qu'elle rend à la qualité de vie urbaine peut concourir de manière efficace à la résolution des crises écologiques que sont le changement climatique et l'érosion de la biodiversité. En l'intégrant de façon systématique dans les aménagements urbains, la nature est à même d'apporter une part de solution concrète en réduisant les pollutions, les îlots de chaleur ou en retenant les eaux de ruissellement. Les parcs urbains représentent par exemple des îlots de fraîcheur dans la ville grâce à la transpiration des plantes, l'absorption et la réflexion des rayonnements solaires par la végétation. Un toit végétalisé peut permettre de réaliser jusqu'à 7,6°C d'économie sur les pics de chaleur ! La végétation a un rôle de filtration et de capture des particules atmosphériques et des polluants. Les plantes et micro-organismes peuvent participer à limiter la contamination des eaux superficielles et souterraines par les villes…

Mais la nature en ville nous apporte plus encore : elle participe activement à améliorer notre santé morale et physique. Quelques exemples documentés scientifiquement montrent en effet que les adultes bénéficiant d'espaces verts sont moins sujets aux maladies mentales telles que la dépression ou l'anxiété. La guérison est également plus rapide pour les patients ayant une vue sur le végétal. Enfin, la qualité et la quantité d'espaces verts publics constituent un levier d'action dans la prévention de l'obésité. Aux États-Unis, on a ainsi montré qu'une offre importante en espaces verts est associée à un indice de masse corporelle (IMC) bas chez les enfants et adolescents.

Alors que le béton gagne de plus en plus sur la terre, que proposez-vous pour inverser cette tendance ?

Pour accélérer la dynamique de " renaturation " des villes, j'ai la chance d'être rapporteure au nom de la section environnement d'un projet d'avis mettant l'accent sur la nécessité de faire de la nature un élément structurant de l'aménagement et du bâti urbain. Parmi nos recommandations : le développement d'espaces verts et aquatiques par exemple en mettant en place des règles de remplacement de jardins supprimés, des indicateurs mesurant l'accessibilité des espaces verts (fondés sur leur proximité), la préservation des bois communaux en milieu urbain et des forêts publiques d'Île-de-France en leur attribuant le statut de forêts de protection. Nous proposons aussi une gestion écologique de tous les espaces verts de la ville (y compris les stades, terrains de sport et cimetières), et de porter une attention particulière à ne pas fragiliser les continuités écologiques par les nuisances lumineuses (éclairage permanent la nuit ou mal adapté). Nous encourageons davantage de nature " comestible " en ville (plantation d'arbres nourriciers ; création de jardins collectifs et familiaux). Il est aussi très important d'impliquer fortement la population. Les expériences de nature (jardinage, permis de végétaliser, sorties nature…) doivent  ainsi être soutenues, dans les écoles, les villes, les entreprises, afin de " reconnecter " au vivant une population majoritairement urbaine.

En attendant la prise en compte de ces préconisations, comment le public peut-il agir tout de suite dans sa vie de tous les jours pour lui aussi favoriser la nature en ville ?

Chacun peut agir à son échelle, au moment de construire sa maison, de l'aménager, en jardinant, ou en observant la nature tout simplement. S'engager dans une action de préservation de la nature ou un programme de sciences participatives permet par exemple de se rendre utile tout en découvrant la biodiversité près de chez soi. 

Les avis du Conseil économique, social et environnemental sont transmis au Gouvernement, à l'Assemblée nationale et au Sénat ainsi qu'aux décideurs publics et privés concernés par le sujet de l'avis. Le 11 juillet, l'avis nature en ville a été présenté devant Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire ; il pourra nourrir le nouveau Plan biodiversité du Gouvernement, notamment l'axe " Développer la nature en ville et offrir à chaque citoyen un accès à la nature ". 

 

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