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Enquête : Les besoins d'investissement en restauration collective

Publié le 18 juin 2019 , mis à jour le 12 juillet 2023

La restauration collective, c’est 3 milliards de repas servis chaque année. Un levier incroyable pour impulser la nécessaire transition écologique. Dans ce sens, la loi Agriculture et Alimentation a, entre autres, fixé un objectif de 50% de produits de qualité, dont 20% de bio d’ici 2022. Une décision indispensable, mais qui pose la question des moyens pour y parvenir. 6 mois après la promulgation de la loi, la Fondation pour la Nature et l'Homme et le réseau Restau’Co ont enquêté sur le retour d’expérience de gestionnaires de restaurants collectifs déjà engagés vers plus de bio, de produits de qualité. 

Les résultats sont sans appel : atteindre les objectifs en 3 ans, notamment pour le bio, sans plan d’accompagnement financier, c’est mission impossible ! Les professionnels motivés ont mis en moyenne plus de 6 ans pour y parvenir. La FNH et le réseau Restau’Co estiment le besoin d’investissement de départ à 99 centimes par repas, soit 16% du coût complet moyen d’un repas.

Enquête : Les besoins d'investissement en restauration collective

Découvrir l'étude (format pdf - 4 Mo)

L'an dernier, la FNH lançait sa campagne #LetsBio, sur letsbio.org, pour demander un accompagnement solide de la restauration collective par l'Etat afin d'assurer l'atteinte des objectifs de la loi Agriculture et Alimentation, dite EGalim. Elle fixe notamment un objectif de 50% de produits durables dont 20% de produits bio pour la restauration collective d'ici 2022. Grâce au travail de plaidoyer de la FNH, 12 amendements ont été déposés au Sénat et à l'Assemblée nationale pour demander un accompagnement financier sous forme d'un Bonus Cantine Bio et Locale. Le gouvernement s'est fortement opposé à cette demande. Aujourd'hui, la FNH revient avec une proposition consolidée grâce à une enquête inédite menée auprès des professionnels de la restauration collective.

Une enquête qualitative réalisée par téléphone en avril/mai 2019 auprès de 28 gestionnaires en gestion directe, représentants 617 restaurants collectifs (225 000 repas journaliers) en milieu scolaire, hospitalier et médico-social.

5 principaux enseignements

  1. 75% des restaurants portent un jugement positif sur la loi EGalim, mais 78% d’entre eux considèrent qu’ils n’arriveront pas à atteindre les objectifs sans financements adéquats. 
  2. Les professionnels sondés estiment le besoin d’investissement de départ jusqu’à 99 centimes par repas, soit 16% du coût complet moyen d’un repas :
    • 95,2 centimes d’€ par repas pour couvrir les frais relatifs aux matériels, à la réorganisation et à la formation.
    • 2,7 centimes d’€ par repas relatifs à la structuration de filières locales durables.
    • 0,7 centimes d’€ par repas pour les campagnes de sensibilisation.
  3. Ces investissements de départ sont estimés indispensables. Dans 87% des cas, ils permettent de réaliser des économies significatives pour enclencher la démarche de progrès.
  4. Pourtant, six mois après la promulgation de la loi, 82% des sondés déclarent qu’aucune hausse de dotation budgétaire n’est prévue ou observée.
  5. 18% des structures interrogées ont réussi à atteindre les objectifs de la loi EGalim au prix de plus de 6 ans d’efforts. Soit deux fois plus de temps que celui restant d’ici 2022.
 

La solution pour atteindre les objectifs de la loi d’ici 2022 : une prime à l'investissement pour les restaurants collectifs volontaires 

L’Etat a la responsabilité de fixer des caps en inscrivant des objectifs dans les lois et d’inciter les acteurs à s’engager. Cela est nécessaire mais clairement insuffisant. Ce qu’il faut aujourd’hui c’est considérer la restauration collective pour ce qu’elle est : un levier majeur de la transition agricole et alimentaire, et investir en attribuant une prime à l’investissement : 

  • 330 millions d’€ par an pendant 3 ans pour encourager les donneurs d’ordre de la restauration collective publique ou privée en gestion directe du secteur scolaire, santé et médico-social.
  • Une aide volontaire : seuls en bénéficient les donneurs d’ordre qui en formulent la demande.
  • Limitée à 3 ans, car elle soutient l’aide à l’investissement nécessaire à l’impulsion du changement de pratiques, à la sensibilisation du personnel et des convives et à la structuration des filières locales durables.
  • Renforcée dans les territoires les plus fragiles et dans le secteur médico-social et de la santé afin de rattraper le retard observé et répondre à un enjeu de justice social nécessaire.
 

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