Décryptage

Pesticides : Hauts risques pour la santé des agriculteurs et les riverains

Publié le 27 juin 2018 , mis à jour le 23 avril 2021

Alors que le Président de la République s'était engagé à faire interdire sous 3 ans le glyphosate, herbicide dangereux, le projet de loi Agriculture et Alimentation récemment voté n'en fait pas mention. Pire, l'amendement proposé par un groupe de députés visant à le faire interdire n'a pas reçu le soutien du Gouvernement et a été rejeté lors du vote. Si les conséquences négatives de l'exposition aux pesticides sur la santé sont peu chiffrées car l'étude des maladies dites " environnementales " est balbutiante, elles restent néanmoins irréfutables.

La manipulation et la pulvérisation de pesticides exposent les agriculteurs a de nombreux risques sanitaires.

En juin 2013, l'Inserm a publié une synthèse (1) démontrant le lien fort entre l'exposition aux produits phytosanitaires et le développement de cancers et maladies neurodégénératives. Les agriculteurs sont particulièrement sujets aux cancers de la prostate et du sang (leucémie). L'exposition chronique des riverains à certains pesticides couramment utilisés est également facteur de risques. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé de nombreux pesticides comme probablement cancérogènes pour l'humain. Le "probablement" peut interroger. En réalité, il n'est qu'une précaution de langage dans la mesure où cette cancérogénicité est validée formellement mais pas statistiquement. Les types de cancers les plus souvent cités dans leurs études sont le cancer du cerveau, le myélome multiples (cancer de la moelle osseuse), les sarcomes des tissus mous, les lymphomes non hodgkiniens, la maladie de Hodgkin et la leucémie.

Concernant les maladies neurodégénératives, une personne âgée ayant été exposée aux pesticides a 5,6 fois plus de risques de développer la maladie de Parkinson et 2,3 fois plus la maladie d´Alzheimer qu'une personne non exposée (2).

L'usage de produits phytosanitaires responsable de 2% des maladies des agriculteurs

Les représentants de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) ont reconnu que l'usage de produits phytosanitaires était responsable de 2% des maladies professionnelles des agriculteurs. La MSA a tardé à reconnaître le lien entre pesticides et maladies pour des raisons probablement culturelles et budgétaires. Ainsi, ce chiffre pourrait être en réalité supérieur. 

En 2016, 61 assurés de la MSA se sont vus reconnaître une maladie professionnelle provoquée par l'utilisation de pesticides. 25 présentant une hémopathie maligne et 36 une maladie de Parkinson.

Lors des épandages une partie des pesticides pulvérisés est transportée par l'air. Les riverains sont donc contaminés par voie respiratoire. Cette contamination a des conséquences qui peuvent être particulièrement graves chez les enfants et le femmes enceintes. Les pesticides passant la barrière placentaire, ils peuvent être à l'origine de malformation du fœtus, problèmes cardiaques, pulmonaires, cérébraux (moteur et cognitif), problèmes hormonaux, et déficiences du système immunitaire. En effet, des travaux compilés par l'Inserm, démontrent que les fœtus exposés aux pesticides semblent plus susceptibles de développer des leucémies, des tumeurs cérébrales, des malformations congénitales ou des troubles du développement cérébral. Certains effets liés à la reproduction, dont l'avortement spontané, la prématurité, une diminution de la fertilité, une diminution de la production et de la mobilité des spermatozoïdes, sont parfois soupçonnés.

La FNH demande ainsi l'interdiction des pesticides des plus dangereux, le respect strict d'un protocole lors de l'épandage (que ce soit pour l'agriculteur ou pour les riverains) et la mise en place de zones non traitées autour des habitations et lieux accueillant du public sensible. 

La FNH soutient le déploiement des alternatives aux pesticides. Les agriculteurs doivent être accompagnés vers la sortie du glyphosate en 2021. Le renforcement d'un grand plan bio, permettra, a minima, d'atteindre l'objectif de 15% de surfaces agricoles bio en 2022 et l'installation d'agriculteurs biologiques sur les zones de captage d'eau potable. 

(1) Retrouvez la synthèse de l'Inserm en cliquant ici
(2) Notre-planètre.info 

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