Propositions

Prime à la conversion automobile 2019 : une mesure peu écologique aux impacts sociaux discutables

Publié le 11 janvier 2019 , mis à jour le 19 novembre 2020
Créée en 2015, le dispositif de la prime à la conversion des véhicules de plus de 15 ans est renforcé en 2019. Il s’agit de l’une des réponses du gouvernement au mouvement des « gilets jaunes » pour accompagner les ménages les plus modestes et les « gros rouleurs ». En 2018, ce sont 300 000 primes qui ont été accordées, soit 3 fois plus que prévus initialement, et le budget est prévu à la hausse pour 2019. Malheureusement, malgré les moyens conséquents investis, l’efficacité écologique de la prime à la conversion ne sera vraisemblablement pas à la hauteur, ce qui interroge aussi son intérêt social réel. Analyse et propositions de la FNH pour une prime à la conversion réellement écologique ET sociale.

Pourquoi la prime à la conversion n’est pas réellement efficace ?

1. Un soutien continu et contreproductif aux véhicules émettant des gaz à effet de serre 

La prime à la conversion continue de subventionner des voitures essences et diesels neuves, et maintenant des hybrides rechargeables ou non, qui roulent finalement très peu en électrique et dont beaucoup sont des SUV… Pourtant, ces voitures seront interdites à la vente d’ici 2040 en France et d’ici là potentiellement soumises à des restrictions de circulation dans les zones urbaines. Le coup de pouce social en 2019 pourrait ainsi bien perdre de sa valeur dans les années à venir, et enfermer, notamment les plus démunis, dans le piège des énergies fossiles, coûteuses et polluantes.

2. Le manque de cohérence entre la politique de lutte contre la pollution de l’air et celle de lutte contre le changement climatique.

Le seuil du malus à l’achat pour les voitures neuves, qui vise à réduire les émissions de CO2, est fixé à 122g de CO2 / km. Le seuil d’émissions fixées par la prime à la conversion pour les essence et diesels est de 122gCO2/ km. Par conséquent, il n’est pas impossible qu’un véhicule malusé bénéficie de la prime à la conversion…  Cherchez l’erreur. 

3. Un soutien à l’achat de voiture qui prime sur la réduction de la pollution. 

En effet, à titre d’exemple, une famille qui souhaiterait se débarrasser de sa deuxième voiture, vieille et polluante, et opter pour le vélo électrique, en en achetant deux ou 3 pour la famille afin d’assurer les trajets de proximité ne touchera rien… Contrairement à la famille qui rachètera une voiture essence. Dommage non ? 

Les 5 propositions de la FNH pour passer de la prime à la conversion automobile à la « prime à la mobilité durable »

Pour cibler les aides sur l’achat de véhicules réellement moins polluants

1. Supprimer les primes à la conversion pour l’achat de véhicules neufs roulant au diesel et à l’essence fossiles en 2020. 

2. Si prime aux hybrides il y a, elle doit se concentrer sur les véhicules des segments A et B. Sans quoi le risque de soutenir les véhicules les plus lourds, et notamment les SUV, est importants. 

3. Moduler le montant en fonction de la consommation du véhicule pour donner l’avantage aux véhicules les plus sobres (cela peut passer par des critères de prix, de puissance ou de taille du véhicule). 

Pour soutenir les personnes qui choisissent de prendre moins la voiture, pour favoriser les modes moins polluants, au quotidien : 

4. Ouvrir la prime à d’autres formes de mobilité pour favoriser la démotorisation et accélérer l’innovation. 

- L’adhésion aux services d’autopartage et co-voiturage, 
- A l’acquisition de vélos (dont électrique),
- A un abonnement aux transports en commun, dont le train. 

Pour renforcer les aides pour les ménages les plus vulnérables

5. Mettre en place un prêt à taux zéro, permettant de dépasser le frein à l’achat de véhicules électriques pour les populations les plus modestes. 

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